Premier contact avec les Watchers (Eva Collin)

(Corinne)

Eva pénétra dans le bâtiment, après un bref regard circulaire elle se dirigea vers le bureau d'accueil. Un homme en treillis était penché sur le comptoir, elle s'arrêta à quelques pas, patientant le temps que la receptionniste et le soldat aient fini.

"Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?" La femme affichait un grand sourire et semblait attendre qu'Eva s'approche. L'homme s'était retourné et regardait celle qui avait interrompu leur tête-à-tête. Il devait avoir 25 ans plus ou moins lorsqu'il avait été tué et il avait un air surpris comme si la mort ne devait pas le prendre si tôt.
Eva avança de trois pas en essayant de ne pas fixer le jeune homme, fascinée malgré elle par son visage dont la moitié semblait avoir été arrachée par une bête sauvage.

"Bonjour, je suis Eva Collin. Le Lieutenant Lewis m'a demandé de me présenter à vos bureaux". Elle lui tendit la carte qu'il lui avait donnée.
"Je vais le prévenir, vous pouvez vous asseoir" . Elle commença à composer un numéro sans attendre la réponse d'Eva qui fut trop heureuse de pouvoir se détouner du comptoir.
Elle s'installa sur un des sièges en lissant la longue jupe qu'elle portait. Le soldat continuait de la fixer et Eva de l'ignorer.
Elle se sentait de plus en plus mal à l'aise et se demanda d'où lui venait ce sentiment d'oppression.

Histoire de se détendre, elle fouilla sa besace de cuir marron à la recherche de son petit carnet noir et de crayons. Elle commença à griffonner les pages blanches, cherchant à se souvenir des bribes de son rêve de la nuit dernière. Catherine n'était pas revenue après la visite de Lewis et Eva n'a pas pu lui demander pourquoi elle avait insisté pour répondre par l'affirmative à la proposition des Watchers.

Eva n’eut pas longtemps à attendre avant qu’un jeune homme, intact et bien vivant, vienne la chercher pour la guider jusqu’à un bureau en partie vitré, donnant sur une vaste salle bourdonnante d’activité. Il frappa à la porte, l’annonça avec un salut militaire et se retira en murmurant une formule de politesse, qui perdait de son effet une fois déclarée de la sorte. Lewis s’était levé et lui indiquait avec un sourire de prendre place dans l’un des sièges vacants.

- Bonjour mademoiselle Collin. Je vous prie d’excuser ce jeune homme, il n’est pas encore habitué à interagir avec des civils. Merci d’être venue, j’espère que nous pourrons parvenir à un accord, vos talents nous seraient particulièrement utiles en ce moment.

Il contourna son bureau et pianota d’une main sur le clavier de son poste de travail.

- Si vous le permettez, je vais prévenir de votre présence un représentant des Watchers civils, ainsi que l’officier de liaison. Nous avons un fonctionnement collégial parfois un peu contraignant, mais qui garanti un fonctionnement neutre. Souhaitez-vous un thé, un café ?

Lewis était toujours aussi direct. Cela la changeait des esprits, parfois déboussolés par leur nouvel état, parfois tortueux pour le plaisir.
Je prendrai un thé, je vous remercie
En attendant le watcher civil et l'officier de liaison, Eva laissa vagabonder son regard à travers la baie vitrée. Elle ne s'était pas attendue à une telle envergure. Sa dernière rencontre avec un watcher remontait à plus de dix ans, ils s'étaient retrouvés dans un café enfumé et elle devait avouer que le seul souvenir qu'elle en gardait était une odeur, celle de vieux livres poussièreux.
De ce fait, elle avait imaginé les watchers comme des hommes et femmes se retrouvant dans des bibliothèques, remplies de livres ésotériques.
Je ne m'attendais pas à une telle entrepise, c'est impressionnant... et un peu intimidant
Elle reporta son regard sur Lewis.

De l’eau était prête dans la bouilloire électrique, Lewis n’eu qu’à l’enclencher et puiser quelques feuilles broyées dans une boîte en métal en attendant l’ébullition, puis il sorti trois tasses, et après un instant d’hésitation, une quatrième. Luc buvait-il du thé ?

Il leva lui-même les yeux vers l’open-space bourdonnant d’activité quand elle lui fit la remarque.
« Oui, les anciennes méthodes empiriques et… un peu artisanales, il faut bien le dire, avouaient leurs limites dans le monde moderne, les Watchers ont dû s’adapter - s’industrialiser, en quelque sorte. Le seul département chargé de maintenir le secret, non seulement sur nos opérations, mais autant que possible sur l’ensemble du monde surnaturel, est en perpétuelle croissance, et Internet pose à ce niveau de nouveaux défis qui sont délicats à relever. C’est l’une des raisons de l’intervention de l’armée, cela devenait trop risqué de laisser un travail aussi important aux mains de civils, malgré leur longue expérience. »

Sa voix fut couverte par l’eau bouillante, et il était en train de servir le thé quand deux coups furent frappés à la porte et que deux personnes entrèrent aussitôt. La première était une jolie brune, longue et fine, qui la salua d’un sourire et d’un signe de tête, tandis que Lewis tirait des chaises devant son bureau.

« Major Dana Morton, officier de liaison. » fit la jeune femme avec un accent anglais. « Et voici Luc Meyers, responsable des Watchers civils. Merci de vous être déplacée, Miss Collin. »



[HRP]Du coup Dana se retrouve dans deux threads très différents en même temps, mais c'est pas grave... faut juste pas s'étonner si on en ressort un peu schizo [/HRP]

Luc lui tendit la main pour une poignée de main ferme et décidée.

- Enchanté, fit-il, mais il était clair que ce n'était qu'une formule de politesse.

Soit, les services de Mlle Collin pourraient leur être précieux, mais il avait autre chose à faire, dans l'immédiat. Quelques jours seulement avant une date fatidique citée dans plusieurs obscures prophéties, il y avait beaucoup à organiser.

Eva ne put s'empêcher de sourire franchement devant l'air austère du watcher civil, dévoilant ainsi ses fossettes : lui non plus, il ne semble pas savoir ce qu'il faisaitt là ou cette entrevue l'agacait.
Moi ausssi, je suis ravie de faire votre connaissance, je suis impatiente de savoir en quoi je peux vous aider

Pourquoi ce sourire ? Luc dut lutter pour ne pas se renfrogner encore plus ; mieux valait tenter de se montrer accueillant envers quelqu'un qu'ils souhaitaient recruter.

Bon, il aurait préféré la recruter pour les Watchers alternatifs, mais maintenant que les militaires avaient mis la main sur elle, c'était trop tard.

- Cela dépend de vous, répondit-il franchement. Vos talents pourraient être utiles à diverses services au sein de notre organisation. Peut-être devrions-nous vous faire visiter afin que vous vous fassiez une meilleure idée de notre activité ? suggéra-t-il avec un coup d'oeil interrogateur à Dana.

Dans le dos de la jeune femme, Lewis adressa à Luc une grimace consternée. Il n’y avait vraiment aucun moyen qu’il soit un minimum aimable ? Sur les conseils de Dana, Laurent se donnait du mal depuis quelques temps pour adoucir les angles et faire participer au mieux les Watchers dans les recrutements et prises de décision, mais visiblement ce n’était pas encore assez. Il s’éclaircit la gorge.

« En effet, les missions et les services pourront être variées, mais en l’occurrence je pensais à un cas spécifique sur lequel votre expertise pourrait nous aider. Et si j’ai demandé la présence de M. Meyer et Miss Morton, c’est parce qu’ils connaissent bien ce sujet. J’imagine que vous avez entendu parler des zombies, mademoiselle Colin. Mais savez-vous que les sous-sols de Paris en sont infectés ? Ils sont très tranquilles en ce moment, mais l’on redoute le moment où ils attaqueront. J’ai entendu parler d’une technique, certes peu éthique, mais efficace en dernier recours, consistant à invoquer les esprits pour les forcer à posséder leur propre corps. Cela briserait le contrôle du nécromancien, et bien qu’un choc terrible pour ces créatures soudain conscientes, cela les mettrait hors d’état de nuire, le temps de les détruire en sécurité et de leur rendre une sépulture… »


Dana fronça les sourcils, son regard passant de Lewis qui restait concentré sur Eva à Luc. Qu’est-ce qui lui prenait ? La hiérarchie militaire avait reçu des ordres très stricts de ne pas s’occuper de l’armée des morts, gérée par une autre division. Les tentatives administratives ou les simples demandes d’explication avaient été sévèrement sermonnées, et voilà qu’il recrutait ouvertement sur ce sujet ? Sachant où chercher, elle décela dans la bibliothèque un petit médaillon luisant faiblement, un talisman de discrétion comme il en circulait chez les Watchers, imposant à la fois un cône de silence magique et un brouillage des surveillances électroniques. Et depuis quand l’adjudant lui-même utilisait ce genre de gadgets ?

Une foule de pensées contradictoires et paranoïaques demandait à être traitée, la plus dérangeante était que comme les Watchers Alternatifs étaient sur le coup, c’était peut-être une manœuvre pour les infiltrer ou les démasquer. Ou alors Lewis avait vraiment fait un nouveau pas vers une indépendance très dangereuse pour sa situation.

Eva se tourna vers le Lieutenant, elle l'écouta attentivement, au fur et à mesure son sourire disparut.

« Vous avez évoqué ce sujet hier lors de votre passage à mon domicile...les zombies, la nécromancie, je ne suis pas sûre que vous vous adressiez à la bonne personne. Comme vous l'avez souligné, invoquer les morts devrait être votre dernier recours, ne devrait même pas être envisagé.»
Cependant c'était un chemin qu'elle avait emprunté il y a longtemps. Se pourrait-il qu'ils soient au courant ? Cat, dans quoi m'as-tu embarqué ?

Eva sentit ses jambes flageoler, elle dut s'asseoir, la sensation ne disparut pas, au contraire, elle avait l'impression que ses forces diminuaient. Elle leva les yeux. Assise sur le bureau de Lewis, les jambes en lotus, Cat lui souriait.
«C'est pénible, toutes ces barrières à traverser » Eva leva les yeux au ciel, difficile d'avoir une conversation avec sa soeur en présence de trois inconnus et Cat ne semblait pas tenir compte que maintenir sa présence dans le QG des Watchers pompait l'énergie d'Eva.

« Tu oublies tes cauchemars, Eva. Ce nécromancien ne se contente pas des morts de Paris, il les crée en tuant brutalement, leurs esprits restent bloqués, confus, désemparés, en colère et avec eux, tu peux négocier. Tu as vraiment une sale tête. » Elle disparut sur ces dernières paroles.

J'espère que cela peut coller avec ce que tu avais en tête, Frédéric