BNF - Salle de recherche / PV Adissa-Adélaïde

(Fan')

Adisa n'avait jamais été chercheur. Sa spécialité avait toujours été l'action, ce pour quoi il avait été formé et entraîné. Bien sûr, il avait quelques compétences magiques glanées dans son adolescence qui faisaient de lui plus que de simples muscles, mais la recherche n'avait jamais au grand jamais été son truc.

Seulement voilà, quand on décidait de quitter les Watchers soudain sous tutelle militaire et que l'on se retrouvait à travailler avec d'autres renégats, dans une branche alternative et indépendante, on se retrouvait très vite en sous-effectif. Et de temps à autre, cela voulait dire faire ses propres recherches.

Les bâtiments de la BNF lui semblaient toujours aussi imposants, mais où d'autre pourrait-il bien aller chercher les infos qu'il lui fallait? La bibliothèque personnelle de Jean, bien qu'impressionnante, n'avait été d'aucune aide. Après les contrôles de sécurité (un pieu ne ferait pas sonner leurs détecteurs de métal), Adisa se dirigea d'un bon pas vers le département occulte.

Il n'avait peut-être pas de grandes capacités magiques, mais il était quand même incapable d'ignorer les vagues passives qui déferlaient de la Hellmouth située sous la bibliothèque. L'idée de garder ici des livres qui pourraient avoir un quelconque pouvoir ne lui paraissait guère judicieuse, mais la bibliothèque était déjà construite. Cela ne l'étonnerait pas si Wolfram et Hart avait à voir avec l'emplacement qui fut choisi.

Une heure et demie plus tard, Adisa était toujours penché sur grimoires et recueils divers. Il avait réussi à trouver le nom du démon qu'il traquait, mais toujours pas la manière de le tuer. La bête était entourée d'un champ de force qu'Adisa n'avait pu réussir à percer. Après une autre lecture infructueuse, il referma le livre sèchement et jura doucement dans la bibliothèque autrement silencieuse.

(Liliane)

"Vous n'avez pas trouvé ce que vous cherchiez ?"
Adelaïde, qui s'était approchée sans bruit, intriguée par le grand beau Black qui n'avait rien de commun avec les habituels rats de bibliothèque fréquentant sa section, s'était attendue, non sans malice, à le voir sursauter. Sa voix, naturellement basse et soyeuse, n'avait pu que le surprendre, à lui murmurer ainsi à l'oreille. Mais l'homme n'avait pas cillé le moins du monde et s'était contenté de tourner légèrement la tête vers elle. Elle s'était vivement redressée, non sans que ses longs cheveux blonds ne lui effleurent la joue, avec un petit sourire d'excuse.

(Fan')

Il était assez dur de le surprendre, tout du moins lorsque l'on appartenait à la race humaine. Tout du moins, s'il était surpris, il tendait à rester impassible ; il avait rencontré bien trop d'ennemis face auxquels il ne pouvait se permettre de montrer le moindre signe de faiblesse.

La première chose qui le frappa, cela dit, fut le parfum de son interlocutrice, légèrement fleuri sans point trop n'en faire, et la caresse de ses cheveux contre sa joue. "Mon irritation m'aura trahi," remarqua-t-il de cette voix basse qu'il convenait de garder dans une bibliothèque.

Elle travaillait sans doute ici, pour venir lui poser cette question, et il se trouvait face à un dilemne. Lui demander de l'aide alors que ses recherches étaient pour le moins dire étranges, ou bien insister qu'il s'en sortirait seul. Aucune option n'était entièrement satisfaisante, mais mieux valait passer pour un fou et finir par trouver la faille de ce démon.

Adisa se tourna légèrement sur sa chaise avant de mieux faire face à la - fort jolie, ne put-il s'empêcher de noter - bibliothécaire. "Peut-être pourrez-vous m'aider. Je fais des recherches sur les démons mésopotamiens, plus précisément ceux dénommés Lilîtu et Lilû, qui s'attaquent aux nouveaux-nés et aux jeunes gens. D'après les légendes. Les contes de leurs méfaits sont nombreux, mais jamais de la façon dont on aurait pu les terrasser..."

(Liliane)

Adelaïde recula, troublée par l'admiration un peu trop franche à son goût qu'exprimait le regard de ce curieux lecteur, et répondit d'un ton légèrement sarcastique : "Je pourrais effectivement vous guider, mais pour cela il me faudrait - enfin, pas à moi directement, mais à l'administration - une accréditation. Etes-vous chercheur, historien, écrivain ? Archéologue ? Travaillez-vous pour un organisme officiel ? Ce genre de choses, vous voyez."

(Fan')

Son appréciation avait-elle été si évidente que cela ? Adisa avait depuis longtemps perdu l'habitude de côtoyer des femmes autres que ses collègues, qui étaient bien cela, des collègues. La femme avec qui il avait passé le plus de temps ces dernières semaines était le major Morton et il lui serait bien impossible de la regarder de cette manière, au vu de tout ce qu'il savait à son sujet, tout ce qu'elle représentait.

"De la paperasse," remarqua-t-il d'un ton sinistre. Il y avait peu de choses qu'il détestait plus que la paperasse, mais le problème majeur était que les Watchers alternatifs, par opposition à leurs confrères officiels, n'avaient aucun statut duquel se servir pour avoir accès à de telles accréditations. "Pour une simple recherche personnelle sur des légendes vieilles de nombreux siècles ?"

(Liliane)

Adelaïde haussa légèrement les épaules d'un air désolé. En réalité, il n'y avait nul besoin d'accréditation ni de quoi que ce soit pour accéder aux documents convoités, mais à force de solitude dans ce département oublié qui n'intéressait personne, elle avait pratiquement fini par croire que les grimoires archaïques, les fragiles manuscrits, les opuscules quasi indéchiffrables, les précieux Elzevir avaient besoin de sa protection exclusive. Cependant, ce "chercheur" qui en avait si peu l'air l'intriguait, et puis elle devait se souvenir qu'elle était quand même là pour servir d'intermédiaire entre les livres et les lecteurs, non de cerbère. "Il y aurait peut-être une possibilité..."